C’est en lisant une tribune de Dominique Dupagne (médecin blogueur(1)) rendant hommage à Simone Veil, que l’on comprend ce qu’on doit à cette grande dame. Tout le monde connaît son combat pour la dépénalisation de l’avortement, afin qu’il puisse être réalisé dans des conditions acceptables, mettant un terme aux pratiques dangereuses « des faiseuses d’anges et des aiguilles à tricoter», évitant les conséquences terribles qui en découlaient souvent. « Il suffit d’écouter les femmes », disait Simone Veil quand elle défendait son projet de loi de légalisation du droit à l’avortement.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’elle est aussi à l’origine de la mise en place de la « Commission Alexandre »(2), qui a mis un terme aux annotations fantaisistes des laboratoires pharmaceutiques faisant la promotion de leurs produits dans le Vidal. C’était une époque où le Distilbène était une pilule miracle qui vous éviterait de faire des fausse- couches, Mesdames. Et même si des professionnels de santé multipliaient les mises en garde dans l’hexagone depuis 1971, rien n’apparaissait dans le fameux dictionnaire rouge…
Simone Veil était Ministre de la Santé depuis 1974, quand l’un de ses conseillers, Jean-Pierre Bader, lui a soumis l’idée de faire le ménage dans cet ouvrage-référence des médecins, en y intégrant les données de la science. Malgré les pressions, elle soutiendra l’initiative, la Commission aboutira en 1976. Une étoile, placée à côté du nom du médicament, signalera alors les notices validées scientifiquement, qui mentionnent vraiment effets « secondaires » et contre-indications.
Ainsi, dans l’édition du Dictionnaire Vidal de 1977, il fut enfin écrit que le Distilbène est contre-indiqué aux femmes enceintes.
Dans tous les combats menés par Mme Veil, retenons aussi l’énergie déployée pour le bien commun…
(1) Blog Aoute.org http://www.atoute.org/n/article357.html#nh1
(2) Surnom donné à la « Commission de Révision des Dictionnaires de Spécialités Médicales »
(Article publié dans La Lettre n° 57, septembre 2017)