Frottis et tests HPV, suivi des « filles DES », dépistage individuel ou organisé : un point pour mieux s’y retrouver.
Frottis et tests HPV
Deux tests de dépistage sont possibles à partir d’un prélèvement au niveau du col de l’utérus :
• Le frottis cervico-utérin : analyse de cellules (examen cytologique). Il permet de repérer des lésions précancéreuses (dysplasies).
• Le test HPV : recherche de virus appelés Papillomavirus Humains (ou HPV) à l’origine de dysplasies.
Ces tests permettent de découvrir d’éventuelles dysplasies, de les surveiller (elles guérissent le plus souvent spontanément). Si nécessaire, elles pourront être traitées avant d’avoir eu le temps de se transformer en cancer (plusieurs années).
Le schéma de dépistage du cancer du col utérin pour la population générale prévoit la réalisation d’un frottis tous les 3 ans, de 25 à 65 ans. Un test HPV est réalisé si le résultat du frottis est anormal.
Rappel du suivi nécessaire aux « filles DES »
Le frottis cervico-utérin (maintenant appelé aussi « analyse cytologique ») est l’examen à réaliser en première intention, chez les « filles DES ».
En effet, l’exposition in utero au DES :
• multiplie par deux le taux de dysplasies de haut grade (lésions précancéreuses) du col de l’utérus ou du vagin.
• est à l’origine d’un risque éventuel d’un cancer particulier (Adénocarcinome à Cellules Claires (ACC) du col ou du vagin, à un âge avancé, alors qu’il était observé avant 30 ans.
Or, le virus HPV n’est pas responsable de cette forme de cancer chez les « filles DES ».
En raison de ces risques, les frottis diffèrent des recommandations standards :
Pour leurs dates :
• frottis annuel au lieu d’un frottis tous les trois ans,
• poursuivre les frottis au-delà de 65 ans,
• et après hystérectomie (ablation de l’utérus et du col)
Pour leur technique : en plus des prélèvements habituels endocol et exocol, prélèvements au niveau du vagin et prélèvement sur une éventuelle lésion suspecte.
Comme pour toutes les autres femmes, en cas d’anomalie de résultat du frottis, un test HVP est réalisé.
Dépistage individuel et Dépistage Organisé
Jusqu’à présent en France, le dépistage du cancer du col est une démarche individuelle : c’est à l’occasion d’une consultation qu’un frottis peut être prélevé ou prescrit par le médecin consulté.
Environ 3 000 cancers du col utérin sont diagnostiqués chaque année en France, le plus souvent chez des femmes n’ayant pas eu de surveillance par frottis au rythme préconisé, ou l’ayant stoppée avant leur 65ème anniversaire. C’est pour cette raison que les autorités de santé mettent en place un dépistage organisé, comme pour le cancer du sein.
Une expérimentation a été testée par quelques départements pilotes depuis le début des années 90. En 2018, le gouvernement a décidé d’élargir cette stratégie au niveau national. Les femmes de 25 à 65 ans n’ayant pas eu de frottis depuis plus de 3 ans recevront une invitation à en réaliser un, pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie et sans avance de frais.
Les Centres Régionaux de Coordination de Dépistage des Cancers, nouvellement créés, sont chargés de la conduite de ce programme. Les premières invitations devraient être envoyées prochainement.
Du nouveau en perspective ?
Le 11 juillet dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié de nouvelles recommandations en santé publique. Elles concernent la population générale (n’ayant pas de facteur de risque particulier de cancer du col utérin). Entre 25 et 30 ans, pas de changement : le frottis reste préconisé en 1ère intention, tous les trois ans.
A partir de 30 ans et jusqu’à 65 ans, la HAS recommande la réalisation d’un test HPV en 1ère intention, tous les 5 ans.
Ces nouvelles recommandations ont un impact important en termes d’organisation sanitaire, sur l’ensemble de nos régions. Elles ne sont pas encore mises en place.
Pour les femmes ayant un risque augmenté de cancer du col, comme les « filles DES », il n’a pas encore été publié de recommandations. Nous reviendrons sur le sujet lorsque la situation se sera éclaircie.
Impact sur notre projet “Pour certaines femmes, le frottis c’est tous les ans“ (femmes ayant reçu une greffe d’organe, « filles DES », femmes vivant avec le VIH)
L’Agence Régionale de Santé-Nouvelle Aquitaine (ARS-NA) finance notre projet de création d’outils d’information (vidéos, dépliants…) pour sensibiliser ces trois profils de femmes à la nécessité d’avoir des frottis à intervalles plus rapprochés.
Les nouvelles recommandations de la HAS impactent directement notre projet en cours. Il importe de clarifier la position relative des frottis et de test HPV dans ces situations à risque aggravé, de rédiger des messages tenant compte de ces nouvelles données.
Un point a été fait : une réunion sera organisée courant octobre avec l’ARS-NA et le Centre Régional de Coordination de Dépistage des Cancers de Nouvelle-Aquitaine, pour définir ensemble des messages adaptés.