Témoignages : Filles DES

Une vie et l’omniprésence du DES

5 juin 2023

Bonjour à toutes et tous,

Je suis absolument ravie d’avoir l’opportunité de témoigner de mon vécu.

Très entourée par une famille médicale, mon insouciance a été brisée lors de l’annonce solennelle à mes 12 ans du risque d’adénocarcinome à cellules claires du vagin, et de la grande difficulté potentielle à avoir un enfant. Ce jour a été décisif dans ma future vie de jeune fille et de femme : impossibilité de me représenter un corps pleinement féminin et attirant, terreur de me voir rejetée par un homme suite à l’incapacité de lui donner un enfant.

La solution de repli a été… de me replier sur moi-même. N’étant pas légitime dans la vie, car je n’aurais jamais dû venir au monde, je n’étais pas légitime dans un bonheur de femme. Je me suis donc tournée vers des études de Pharmacie, pour contribuer à mon échelle à ce qu’un tel drame ne se reproduise pas (je me suis orientée vers la recherche).


N’étant pas légitime dans la vie, car je n’aurais jamais dû venir au monde, je n’étais pas légitime dans un bonheur de femme.

Au fil des ans, le bonheur est arrivé très tardivement. Ses fondations étaient tellement fragiles que je me suis retrouvée prise dans l’engrenage d’une dépendance affective : un homme avait bien voulu de cette femme incomplète que j’étais, et m’a démontré que féminité et accomplissement n’étaient pas forcément synonymes de maternité. Mais quand j’ai voulu essayer de concrétiser ce désir profond qui s’était développé au fil des ans et au passage de la quarantaine, il me l’a violemment refusé. Et m’a quittée 7 ans après. Ce sentiment illégitime de bonheur de femme s’est repositionné comme une évidence absolue, et la rupture n’en a été que plus douloureuse. Avec un énorme sentiment de solitude.


L’écoute ressentie lors de l’Assemblée Générale de l’association, fin janvier, et les témoignages formulés
ont cicatrisé certaines plaies.

L’écoute ressentie lors de l’Assemblée Générale de l’association, fin janvier, et les témoignages formulés ont cicatrisé certaines plaies. Me sentir entourée de femmes brisées par des histoires similaires, voire beaucoup plus tragiques, m’a donné l’envie de ne plus vivre cette souffrance dans mon coin, mais de la partager afin qu’ensemble nous soyons plus fortes. Ces rencontres ont été une révélation et un réel apaisement.

Je souhaite dorénavant contribuer de façon active à l’association pour que ce drame reste présent dans la mémoire collective et que la recherche continue : un petit moteur s’est enclenché dans mon cœur et dans ma vie pour aller ensemble vers un but commun, en se soutenant, entourées par l’immense bienveillance, l’expertise et la pédagogie du Professeur Tournaire.

Bien à vous,

Valérie
Docteur en Pharmacie